Olivier Vergeynst

Podcast : Olivier Vergeynst, numérique responsable – Comment allier sobriété, inclusion et impact positif ?

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Peut-on réellement réduire l’impact environnemental du numérique sans nuire à la performance ?

Dans cet épisode de Pyxis – Le Podcast, Olivier Vergeynst, directeur de l’ISIT belgique, partage avec clarté les enjeux et leviers du numérique responsable, loin des effets d’annonce et du greenwashing.

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Il y explique :

  • Ce qu’est vraiment le numérique responsable (et ce qu’il n’est pas)
  • Pourquoi la sobriété numérique peut aussi être un atout business
  • Comment des entreprises réduisent concrètement leur empreinte IT
  • Le rôle essentiel de l’éco-conception, de la réparabilité et du reconditionnement
  • Et comment créer de l’emploi local avec des pratiques plus vertueuses

Que vous soyez dirigeant·e, DSI, consultant·e, ou simplement curieux·se, cet épisode vous apportera des réponses concrètes et des pistes d’action, sans jargon inutile.

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Interview enregistrée dans le cadre de la Journée Agile, en effet L’ISIT fait partie de nos partenaires / sponsors !

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  • [00:00:17] Introduction
  • [00:00:30] Du rêve d’adolescent jusqu’à ce jour
  • [00:01:54] Quand a été créé l’ISIT en Belgique ?
  • [00:02:07] Les missions de l’ISIT ?
  • [00:02:56] Les services aux entreprises
  • [00:03:28] Le public cible de l’ISIT ?
  • [00:04:28] Comment Pyxis, TPE, peut agir ?
  • [00:05:09] Concernant la journée agile
  • [00:06:31] Que disent les chiffres ?
  • [00:08:19] Faut-il utiliser les IA et dans quels cas ?
  • [00:12:10] L’AI Act en Europe
  • [00:12:31] IA et RGPD
  • [00:12:54] Intégrer l’IA de la meilleure façon possible
  • [00:14:34] Recherche Google remplacée par les IA
  • [00:17:18] Coût des requêtes et choix des outils
  • [00:20:29] Les enjeux actuels pour l’ISIT en Belgique
  • [00:24:12] Peut-on gagner de l’argent en étant durable ?
  • [00:25:57] Le matériel de seconde main
  • [00:27:43] Les contraintes et les limites
  • [00:31:47] Pour devenir membre de l’ISIT
  • [00:32:42] Comment contacter Olivier Vergeynst
  • [00:32:53] Clôture de l’épisode

Norman Deschauwer: [00:00:17] Alors bienvenue sur le podcast « Pyxis ». Au micro, j’ai Olivier Vergeynst.

Olivier Vergeynst: [00:00:21] Bonjour

Norman Deschauwer: [00:00:22] Bonjour! Tu viendras nous parler aujourd’hui de l’ISIT, qui est la version anglaise de l’INR

Olivier Vergeynst: [00:00:29] L’Institut du Numérique Responsable.

Norman Deschauwer: [00:00:30] Olivier, je vais te laisser te présenter. Ton parcours et, finalement j’aime bien la question que Michel pose dans le podcast, c’est de ton rêve d’adolescent jusqu’à aujourd’hui, qu’est-ce qui s’est passé?

Olivier Vergeynst: [00:00:41] Je voulais être pilote d’avion, pilote dans l’aviation civile. Malheureusement, je ne pouvais pas à l’époque puisque j’ai des lunettes et c’était pas très autorisé maintenant on peut le faire mais c’était un peu juste. J’étais dans l’informatique en même temps parce que mon père travaillait chez IBM, donc j’ai toujours eu un clavier sous les mains depuis que j’ai six ans environ, j’en ai 52 maintenant. Presque par défaut je me suis retrouvé à faire de l’informatique, d’abord dans des fonctions plus de support et puis de management, j’ai géré différents types d’équipes dans des grandes entreprises. Et petit à petit venait la question du sens de ce que je faisais, j’aimais beaucoup la partie gestion des équipes, trouver des conditions de travail agréables, des choses comme ça. Mais il y a quand même ce côté : quelle planète je vais laisser à mon fils finalement, qui est arrivé à un moment. Et presque par hasard, j’ai découvert les impacts environnementaux du numérique, quelque chose que je ne connaissais pas du tout alors que j’étais dedans depuis, depuis toujours. Je me suis dit « Ben si moi je ne les connais pas, qui d’autre finalement, en Belgique, les connaît? ». J’ai posé des questions autour de moi, je me suis rendu compte que c’était vraiment un sujet méconnu. J’ai décidé d’aller me former en France, donc j’ai quitté mon job de directeur IT et j’ai été me former en France auprès de Green IT point fr. J’ai bossé avec Frédéric Bordage pendant plusieurs années, on a accompagné des grandes entreprises ensemble et puis j’ai lancé en Belgique l’Institut Belge du Numérique Responsable, qui est le pendant belge de L’INR en France. Et donc le nom en anglais, le nom officiel : Institute for Sustainable IT, ISIT, ISIT Be pour la Belgique, on a un ISIT ch en Suisse aussi.

Norman Deschauwer: [00:01:54] On est quand? La création de L’ISIT en Belgique?

Olivier Vergeynst: [00:01:57] Alors la création officielle en septembre 2020, un lancement média, etc. En octobre 2020, on va fêter nos cinq ans cette année.

Norman Deschauwer: [00:02:04] Tu sais qu’on fête les quinze ans de la Journée Agile cette année?

Olivier Vergeynst: [00:02:06] Ah mais voilà.

Norman Deschauwer: [00:02:07] On y reviendra de toute façon. Est-ce que tu peux me décrire un petit peu quelle est la mission justement de L’ISIT?

Olivier Vergeynst: [00:02:12] Le départ de la mission était très orienté Green IT, donc vraiment la partie réduction de l’empreinte environnementale du numérique, et très orientée sensibilisation par rapport à ça. Vraiment faire connaître le sujet, c’est B2B, vraiment orienté entreprise, organisation. Tous les types d’organisations, que ça soit des associations de toutes les tailles, on a par exemple la Croix-Rouge qui est dans nos membres, des entreprises, PME, jusqu’à très grandes entreprises comme Belfius, des assurances, des choses comme ça, des hôpitaux, des universités, des administrations ou services publics, etc. Donc, vraiment tous les types d’entreprises qui utilisent l’IT pour d’autres choses. On est très peu orientés entreprises du numérique en tant que telles, on a des contacts évidemment avec Microsoft et autres, mais on ne tient pas spécialement à les avoir dans nos membres. C’est plutôt un user group, c’est les gens qui utilisent le numérique pour délivrer leur core business.

Norman Deschauwer: [00:02:56] Ça s’active comment? Donc c’est quoi le service que vous offrez aux entreprises?

Olivier Vergeynst: [00:03:00] Donc le service, comme je disais au début, très orienté Green IT petit à petit s’ouvre aussi vers les questions d’accessibilité, d’éthique, d’inclusion, etc. Mais le service de base, c’est toute une série de formations, d’outils, de guides, d’ateliers, etc. Il y a un aspect communauté, on a des groupes de travail avec nos membres. Et puis il y a un petit côté lobbying évidemment, puisqu’on a aussi des accès aux pouvoirs publics dans certains cas, et qui nous permettent de pousser certaines idées pour essayer justement d’amener le politique à réfléchir à un numérique plus responsable au niveau belge aussi.

Norman Deschauwer: [00:03:28] Ça s’adresse aux PME, aux TPE? Est-ce qu’on peut souscrire, est-ce qu’on peut être soutenu par l’ISIT?

Olivier Vergeynst: [00:03:33] Oui, tout à fait. Donc on a des TPE, vraiment deux, trois ou quatre personnes, parfois dix. Mais c’est vrai que l’essentiel de notre action est plutôt tournée vers les grandes entreprises, au-delà de 400-500 c’est plus facile entre guillemets, d’aller mettre des actions qui vont avoir un impact plus grand directement. C’est clair que si je passe 2h avec le responsable d’une très grande entreprise et que grâce à ça, il implémente une action pour quatre ou 5000 employés, l’impact est tout de suite beaucoup plus grand que si je passais 2h avec un responsable de trois employés. Néanmoins, on a toute une série d’actions qui sont vraiment orientées petite structure. Typiquement, là, on va beaucoup plus travailler à travers des sessions en ligne qui vont regrouper toutes ces structures, des webinaires, des choses comme ça. Et aussi on va avoir des contenus qui vont être plus courts puisque les actions vont potentiellement être moins détaillées, il y aura moins de budget souvent dans ces entreprises, il n’y a pas une personne responsable uniquement de Green IT. Quand on a une équipe de trois personnes, par exemple, là où on va retrouver un responsable sustainability dans les très grandes structures, on adapte aussi nos contenus en fonction des budgets et de la capacité de chaque structure.

Norman Deschauwer: [00:04:28] Pyxis on est une TPE, on est cinq en interne, c’est quoi le poste sur lequel nous on pourrait agir le plus facilement et qui a le plus d’impact?

Olivier Vergeynst: [00:04:36] Ça va dépendre vraiment de chaque structure, c’est quelque chose qu’on va un petit peu analyser avec la personne responsable en direct. Typiquement dans, le plus facile entre guillemets, ça va être toujours tout ce qui est équipement et essayer de garder les équipements plus longtemps, acheter des équipements reconditionnés et leur donner une deuxième vie sinon, etc. Donc ça c’est assez facile mais, typiquement dans le cadre de Pyxis, puisque vous êtes dans le conseil aux entreprises, votre levier d’action va beaucoup plus être auprès de vos clients que dans votre action propre. Ça va être par exemple d’amener de la réflexion autour de l’écoconception des services numériques de vos clients. Là, vous aurez beaucoup plus d’impact que ce que vous pourriez avoir juste sur vous-même.

Norman Deschauwer: [00:05:09] Ok, c’est quelque chose qu’on a intégré aussi à la Journée Agile je pense depuis 2020, mais en effet c’est un jour par an en fait. Donc on choisit assez soigneusement les intervenants, on essaye justement qu’ils ne viennent pas de trop loin. Le traiteur est aussi un circuit court, donc on essaye vraiment de travailler là-dessus mais en effet, c’est un gros impact je vais dire, parce que c’est le jour où on réunit 500 personnes. En effet, probablement qu’on aura plus d’impact à aider nos clients tout au long de l’année, sans pour autant faire un événement qui ruine la planète.

Olivier Vergeynst: [00:05:38] Mais tu disais durable, Dans ce cas-là c’est correct en fait, nous on a choisi le mot responsable pour le numérique parce que le numérique, à cause de tout ce qui est terres rares etc. on consomme des ressources qui sont limitées. Donc, par définition ça ne peut pas être durable. Néanmoins, il y a moyen, par exemple, quand on met tout ce qui est Kettering dans les événements, etc. Là, on peut vraiment faire des choix de durabilité, d’aller vers des choses qui sont renouvelables et autres. C’est pour ça que dans le numérique, on l’a appelé responsable en français, dans la traduction en anglais sustainable non pas dans le sens durable, mais soutenable, c’est essayer de garder le plus longtemps la capacité en fait à utiliser le numérique et permettre aussi aux générations futures d’avoir la possibilité d’utiliser le numérique. Parce qu’à la vitesse à laquelle on va en fait, et à laquelle on consomme toutes ces ressources, on pourrait se retrouver dans quelques années sans suffisamment de numérique pour tout le monde. Et le numérique, c’est pas juste l’ordinateur et le smartphone, ça va aussi être l’IRM pour se soigner, les équipements qu’on retrouve pour la mobilité, etc etc. Donc c’est quelque chose de beaucoup plus large que juste les échanges digitaux qu’on peut avoir aujourd’hui.

Norman Deschauwer: [00:06:31] Et justement, par rapport à ces enjeux climatiques, l’impact du numérique, j’imagine que tu as accès à des statistiques mondiales, belges et autres. C’est quoi, on parle de quoi?

Olivier Vergeynst: [00:06:40] Alors malheureusement pas de statistiques belges, ça, c’est un des gros problèmes qu’on a, on milite pour créer un observatoire du numérique, qui existe en France par exemple. Il y a pas mal d’études qui sont faites soit au niveau français, un petit peu au niveau européen et puis plus au niveau mondial. Mais donc les impacts dont on entend le plus parler vont être autour de l’empreinte carbone, c’est toujours l’élément principal sur lequel les entreprises rapportent donc c’est le plus facile quelque part à utiliser, c’est aussi celui que les gens comprennent le mieux aujourd’hui. Et donc, suivant les études, on est entre trois, quatre, cinq % des émissions carbones de l’humanité qui sont liées au numérique, et avec une augmentation assez forte récemment liée à l’IA. C’est surtout la question de la consommation énergétique en fait qu’il y a derrière. Maintenant, selon la source du mix électrique, on va avoir plus ou moins d’émissions carbone, donc c’est assez compliqué de se limiter à ça. Sinon, dans les autres types d’impacts, ben on va avoir évidemment tout ce qui est consommation de métaux, il faut énormément de métaux, de métaux rares, pour fabriquer tous ces éléments, les serveurs aussi dans les datacentres, etc. On va avoir une consommation d’eau. Alors là c’est plus compliqué puisqu’il y a le cycle de l’eau, donc dans quel cas est-ce que l’eau est vraiment consommée ou pas, etc. Il y a beaucoup de discussions autour de ça et les chiffres à cause de ça sont moins précis aussi souvent. Mais il y a un réel enjeu de l’eau, et on va retrouver en particulier cet enjeu aux endroits où on va avoir des datacentres dans des zones qui sont déjà en pénurie d’eau (Norman Deschauwer: Ah oui). Il y a certains endroits où les populations aux alentours des nouveaux datacentres prévus se soulèvent en disant « Mais on a besoin de l’eau pour nous ». Il y a d’ailleurs un site qui s’appelle Safe the IA qui a été créé et qui dit « Mais arrêtez de consommer de l’eau, arrêtez de boire du café, on en a besoin pour l’IA ». Enfin pas le café évidemment, mais l’énergie (Norman Deschauwer: Oui, oui) consommée pour faire chauffer le café, etc. C’est vraiment la question de dire « Ben est-ce que les populations passent avant le numérique ou pas dans certains cas? ». Le site est très bien fait, leurs images passent très bien le message.

Norman Deschauwer: [00:08:19] Donc c’est très bien que tu abordes l’IA parce que moi je l’utilise, pas forcément au quotidien mais, je veux dire dans le boulot, je l’utilise quand même régulièrement. C’est quoi le vrai du faux? Avec les informations que tu as à disposition : sur faut-il utiliser, dans quel cas, et comment tu intègres justement l’offre IA dans tes conseils?

Olivier Vergeynst: [00:08:38] Plusieurs questions vraiment intéressantes. D’abord, qu’est-ce que c’est l’IA? L’IA c’est quelque chose de très large, ce dont on entend le plus parler aujourd’hui, c’est l’IA générative évidemment mais l’IA est déjà partout autour de nous. A l’origine, c’était des modèles experts et qui ont évolué mais ça fait des années qu’on a par exemple notre fil Facebook, Google Maps, etc. Tout ça est géré à travers des IA déjà de toute façon. Donc c’est quelque chose qui est là, qui est présent et on n’y est plus très attentif. Et puis il y a l’IA générative qui tout d’un coup débarque et qui explose réellement, et là, ça change beaucoup de choses. D’une part, il y a le fait que, au début, on a commencé à s’inquiéter de l’énergie nécessaire pour entraîner les modèles. On a pas mal parlé du fait qu’il fallait l’équivalent de cinq voitures sur toute leur vie comme émissions carbone pour entraîner une IA, etc. Et puis en fait, en réalité, le vrai problème c’est pas tellement l’entraînement, même si c’est un problème, mais le vrai problème c’est le nombre de personnes qui l’utilisent après, c’est la phase d’inférence, et où là on a des millions, voire des milliards de personnes qui se connectent, qui vont poser des questions à l’IA, et beaucoup de questions, et là on a une consommation énergétique phénoménale et on a la construction de nouveaux datacentres pour répondre à ces demandes, etc. Le vrai problème, c’est la quantité d’utilisateurs. Et, se pose la question de: quel est un bon usage? Qu’est-ce qui se justifie? Donc effectivement, une des grosses parties de conseils qu’on donne, c’est sur le type d’usage, Ça va être de : « Est-ce qu’on doit Tous faire un Starter-pack. Est-ce que c’est vraiment très utile? ». C’est clair que, on voit des grosses avancées médicales par exemple dans les énergies aussi, il y a plein de choses où l’IA amène des nouvelles solutions auxquelles on n’avait pas pensé, ou on n’était pas capable de trouver tout de suite la solution et où l’IA nous permet d’aller beaucoup plus vite en tout cas vers la solution. C’est des usages très utiles à ce moment-là, mais on est sur des usages limités, c’est pas des milliards de personnes qui sont occupées (Norman Deschauwer: Oui) à chercher ce style de trucs-là. Donc si on pouvait limiter plus, effectivement, déjà le type d’usage de l’IA génératif ça pourrait fortement aider. Les questions qu’on va se poser en entreprise sont de différents ordres. Un, il y a la question de la souveraineté des données, s’assurer typiquement, si on met toutes ces données dans des systèmes qui sont américains, avec la géopolitique actuelle, on n’est pas certain de ce qui va se passer avec le Cloud Act, etc. Aujourd’hui, c’est encore protégé, mais qui sait si demain il y aura un Executive Order qui dira que tout ça n’est plus protégé? On a la partie résilience des entreprises qui est directement mise à mal parce que : on voit, par exemple Microsoft déjà dans les années précédentes, VMware, etc. Ben on fait, ils ont raflé tout le marché, et puis tout d’un coup les prix commencent à augmenter assez fort. Mais si on a intégrait l’IA dans tous ces process, que ce soit pour une PME ou une grande entreprise, et que tout d’un coup les tarifs augmentent phénoménalement, ben on a un vrai risque financier à ce moment-là pour la pérennité de l’entreprise. Ça c’est quelque chose où on doit, je pense, que les responsables ne s’en rendent pas trop compte pour l’instant, pourtant ça leur est déjà arrivé avec les autres licences Microsoft dans le passé. Il y a cette question-là de la pérennité de l’entreprise et puis les types de choix qu’on va faire d’IA. Typiquement, c’est quelque chose qui n’est pas trop réfléchi aujourd’hui. En fait, chaque utilisateur dans l’entreprise souvent teste un petit peu, mais il faudrait peut-être mettre des stratégies d’entreprise sur quel modèle on peut utiliser et, potentiellement, aller plutôt vers des plus petits modèles, des modèles qu’on va pouvoir hoster localement plutôt que sur sa propre infrastructure, ou en tout cas sur un cloud européen plutôt que de le faire d’office tourner sur un cloud américain. Donc il y a pas mal de possibilités, il y a d’ailleurs une tribune qui est sortie dans l’écho, je pense que c’est aujourd’hui, de Nicolas van Zeebroeck entre autres, professeur à Solvay, et où il y a cette question de « Comment est-ce que l’Europe peut reprendre le lead en fait, pas sur les LLM parce que là on est (Norman Deschauwer: Oui) largué, il faut des infrastructures gigantesques, mais sur le reste de l’IA. Sur l’IA argentique dans ce cas ci,et là c’est typiquement lié au type d’entreprise qu’on va retrouver en Europe, qui est principalement des PME. Mais là, il y a cette capacité probablement à utiliser, à faire un saut technologique directement vers quelque chose qui nous apportera un avantage plutôt que d’être dépendant d’une technologie américaine ou chinoise.

Norman Deschauwer: [00:12:10] Est-ce que tu as un peu d’infos justement sur le AI act en Europe?

Olivier Vergeynst: [00:12:14] Pas assez (Norman Deschauwer: Oui). Non, c’est la grosse difficulté évidemment, pour des structures comme la nôtre, c’est : on est une toute petite structure, on est quatre personnes… Et réussir à suivre la quantité de réglementations qui sortent, c’est assez compliqué donc, évidemment comme tout le monde, on a une vue des résumés des points principaux, mais on n’a pas encore la capacité à suivre en détail ces évolutions-là.

Norman Deschauwer: [00:12:31] Ok. J’ai cru comprendre que les entreprises qui utilisaient l’IA étaient censées former ses employés (Olivier Vergeynst: Effectivement), à l’utilisation en tout cas, et je pense qu’il y a de la gouvernance des données, enfin il y a plein de trucs. Il ne faut pas envoyer tous ses cv dans chat GPT pour dire c’est quoi le meilleur candidat ou c’est qui le meilleur candidat. Parce que les candidats n’ont pas demandé à être…

Olivier Vergeynst: [00:12:48] Oui et puis sinon, légalement il faut les informer, surtout s’ils n’ont pas été choisis, etc. Donc c’est assez compliqué effectivement.

Norman Deschauwer: [00:12:54] Oui, tout à fait. Moi il y a un axe, j’ai discuté avec Sébastien, de la RTBF, pour ne pas le citer. En fait, il me posait la question « Pourquoi vous n’avez pas fait un track IA à la Journée Agile ». Et je dis écoute, c’était un problème de conscience, parce que des propositions on en a eues, de se dire « Est-ce qu’on va d’un côté mettre un track durabilité et puis d’un autre, juste à côté, mettre un track IA ». Et finalement, en y repensant peut-être qu’on aurait dû, mais en sélectionnant des sujets justement qui sont liés à l’éthique, optimiser l’utilisation et pas en faire des starters packs ou des bêtises pareilles. Surtout que générer des images c’est encore plus énergivore que le reste. Et je me dis peut être que l’année prochaine on le fera parce que bon, évidemment la journée c’est une fois par an, donc si on s’est loupé on…

Olivier Vergeynst: [00:13:35] En attendant, je ne peux que vous inviter au « Green Tech Forum » qui a lieu en juin (Norman Deschauwer: Tout à fait), le 17 et 18 juin à la maison de la Poste. Et là, effectivement, on a intégré l’IA, on n’a pas fait un track dédié, il est dans plein de sujets, on le retrouve dans pas mal de conférences, dans des tables rondes, etc. Mais avec ces questions, effectivement, dans certains cas ça va être l’éthique, dans d’autres cas ça va être la partie plus frugalité, on va parler de la question des risques pour l’entreprise,  etc. Donc on n’est pas juste sur « Ah l’IA, c’est formidable », on n’est pas non plus sur « L’IA, c’est l’horreur et il faut absolument l’éviter ». Non, c’est vraiment en se disant « Ben ça fait partie de la réalité des entreprises aujourd’hui, comment est-ce qu’on l’intègre de la meilleure façon possible? Comment est-ce qu’on, effectivement, on forme les employés? Comment est-ce qu’on informe surtout? ». Parce que je pense que la question, c’est pas tellement de dire aux employés « Ne l’utilisez pas parce que c’est mal », c’est plutôt : ben tout le monde sait aujourd’hui que prendre l’avion, ça a un impact, que manger de la viande, ça a un impact, etc. On a des idées d’ordre de grandeur sur toute une série d’actions et en fonction de sa sensibilité on va pouvoir mieux décider en tout cas, de faire certaines choses et de ne pas en faire d’autres. Sur le numérique les gens sont très mal informés, et sur l’IA encore plus, ce qui fait qu’à ce moment-là ils peuvent difficilement faire des choix éclairés.

Norman Deschauwer: [00:14:34] J’étais en voyage la semaine passée, j’étais en Écosse. Et j’étais surpris que sur tous les menus, dans les restaurants, tu as le nombre de calories en fait, du plat que tu vas prendre. Et en faisant le parallèle avec l’IA, je me suis dit « Tiens, si chaque requête; tu sais tu peux voir le nombre de tokens et ainsi de suite que tu as consommé, si en marge de ça tu avais un équivalent en CO2, en litres d’eau, ou… Une mesure en tous cas qui permet de savoir tiens, j’ai consommé, la terre a autant de valeur en fait », je pense que ça pourrait être intéressant. Ou même encore mieux si l’IA était capable de te dire « Bah écoute, voilà ta phrase ici, elle va consommer autant, est-ce que tu le fais ou pas? Tu vois? Et de se dire « Bah par jour, j’ai autant de tokens, autant de litres d’eau, autant de grammes de CO2 à consommer ».

Olivier Vergeynst: [00:15:18] On a pas mal parlé de budget carbone dans le passé, en disant ben effectivement chacun pourrait avoir un budget carbone et puis l’utilise : soit par exemple pour prendre l’avion, soit pour manger plus ou moins de viande, etc. Et pourquoi pas, ben déjà avant on se disait pour changer son smartphone plus ou moins souvent, ici, ça pourrait être pour utiliser l’IA. La difficulté qu’on va avoir, c’est que les grands fournisseurs, en particulier d’IA, sont très peu transparents. Donc en fait, les mesures qu’on a sont principalement des estimations sur base du peu d’informations qui sortent. En règle générale, on va aussi avoir le reporting, par exemple Microsoft et autres, ils vont vous dire que c’est de l’électricité verte et que donc elle est à zéro gramme de carbone mais c’est une façon de mesurer en fait, c’est le fameux market based par rapport au local based. Et l’idée qu’il y a derrière, c’est de dire on achète des certificats verts, et ça permet de dire qu’on a consommé de l’énergie qui a été produite par un barrage peut être en Norvège ou quelque chose comme ça. Alors qu’en réalité ben elle vient d’être produite par la centrale au charbon si on est en Allemagne. Et donc c’est très facile de dire qu’on est à zéro gramme de CO2 pour l’électricité, c’est très rarement la réalité parce que c’est souvent pas l’électricité qui vient d’être produite par l’éolienne à côté du bâtiment. Typiquement, si on a des indicateurs comme ça, c’est souvent du greenwashing malheureusement qui va se retrouver. Mais effectivement, si on pouvait avoir une méthodologie qui soit reconnue et qui soit peut-être plus basée sur, dans ce cas-ci le kilowattheure, plutôt que sur les grammes de CO2 et avoir un indicateur auquel il faudrait que les gens s’habituent, ça c’est toujours le problème (Norman Deschauwer: Oui. Oui, oui). Mais si on pouvait avoir un indicateur comme ça, ça pourrait effectivement être très intéressant. Et alors tu disais que l’IA soit capable de dire « Ça va consommer autant, est-ce que tu veux vraiment le faire? », il y aura toujours une question d’estimation (Norman Deschauwer: Oui), mais c’est une super chouette idée. Et à côté de ça, il y a aussi la question des modèles qui sont utilisés. Si l’IA pouvait nous dire « Tiens, pour ta requête, je te conseille (Norman Deschauwer: Vaut mieux celui-là) d’aller vers ce petit modèle là parce que ça va consommer beaucoup moins et tu auras quand même une réponse précise à 99 % », plutôt que d’aller vers le tout gros modèle qui va consommer beaucoup plus et où tu auras juste 99,5 %. Mais ça, ça pourrait vraiment aider parce qu’en fait les gens ne savent pas vers quel modèle se tourner. Et clairement, les plus petits modèles consomment beaucoup moins. Et c’est rare qu’on ait réellement besoin d’aller vers le tout gros modèle, qui va exploiter une quantité phénoménale de données, mais où le pourcentage de bonnes réponses additionnelles, si je peux le dire, comme ça, va être minime en fait.

Norman Deschauwer: [00:17:18] Ouais, ouais. Mais je suis surpris aussi de voir, j’en discutais avec mon épouse, l’utilisation qu’on fait de l’IA. Ici pendant notre trip justement en Écosse, elle a utilisé, je ne sais plus si c’était ChatGPT ou une autre IA, pour lui dire « Voilà, on est ici, on va là-bas, entre les deux, qu’est-ce que tu nous trouves comme chouettes lieux à visiter? ». Je ne l’aurais pas fait instinctivement, c’est smart en fait hein? Mais je me dis j’aurais été sur Google en fait, j’aurais été sur Google ou Google Maps, j’aurais tapé trois villes, j’aurais dit ben trouve moi des centres d’intérêt là-bas quoi. Donc c’est, l’utilisation est différente, comme Google reste pour nous, les générations X je vais le dire comme ça ou même les boomers, mon père c’est Google, c’est Internet quoi, c’est… Ça reste un peu la porte d’entrée par défaut. Maintenant ça shifte vers les IA, et les jeunes en fait, c’est les réseaux sociaux, ils cherchent de l’info sur des réseaux sociaux. Chaque réseau social maintenant sa propre IA ou en tout cas son agent, donc en fait on tourne en boucle, ça va finir par l’IA tout simplement, voilà, c’était juste le coup de gueule… Voilà! Rires – Le partage des mœurs qui change quoi!

Olivier Vergeynst: [00:18:20] Une recherche Google simple consomme beaucoup, beaucoup moins qu’une query à travers l’IA, ça c’est clair. Il faut essayer d’éviter d’utiliser l’IA comme simple moteur de recherche, c’est vraiment pas très efficace, et il y a pas mal d’hallucination aussi etc. Si on fait des bonnes query, ben on réussit assez bien à avoir tout de suite dans les premières lignes de Google les résultats, ce qu’on cherche sans devoir aller trop loin. Maintenant c’est clair que, si on est parti pour devoir faire une centaine de requêtes Google pour trouver la bonne réponse, et qu’en une (Norman Deschauwer: Oui) ou deux requêtes « Chat » on a la bonne réponse, mais c’est peut-être mieux à ce moment-là d’aller sur ChatGPT. Donc c’est : il n’y a pas une réponse noir et blanc qui dit l’un (Norman Deschauwer: Tout à fait) est mieux que l’autre. Effectivement il y a une question d’usage, et je pense qu’il y a la question aussi de la réflexion qu’on se fait lorsqu’on utilise l’outil. Si on croit aveuglément, qu’on suit aveuglément, ce que « Chat » va nous proposer, ben on perd une partie de notre réflexion, notre capacité justement à analyser les données, à se dire « Tiens, ça, ça m’intéresse plus ou pas, etc. », et potentiellement, à passer à côté d’autres choses. Tout comme on a eu des bouchons qui ont été générés à certains endroits parce que l’IA emmenait toutes les voitures par le même chemin pour éviter un autre bouchon par exemple (Norman Deschauwer: Oui, oui). Donc ça c’est des choses où on a des effets de bord qui peuvent arriver, mais ce qu’on voit par exemple c’est que, dans l’utilisation, dans les métiers de l’IA pour traiter les cas les plus simples, le truc où on peut vraiment facilement automatiser, etc. On se dit c’est bien parce que ça va permettre aux employés de se concentrer sur des cas plus complexes, et il y a toute une série d’études qui montrent qu’en fait on a deux effets de bord. Un, ça veut dire que les juniors, qui normalement traitent les cas les plus faciles, etc., ne peuvent plus passer par cette étape junior et ils sont confrontés à des problématiques de senior mais sans avoir été formé à cause de ça, ils vont s’appuyer sur l’IA pour traiter des cas plus complexes et qui sont moins bien traités à cause de ça. Et puis même pour les personnes qui ont l’entraînement, qui ont eu l’habitude de faire à la fois des cas simples et complexes, à force de ne plus avoir les cas simples à régler très régulièrement, ils sont moins entraînés et donc ils traitent moins bien les cas complexes aussi. Et donc on a une baisse des capacités cognitives en fait, dans le traitement de l’information au bureau à cause de l’utilisation trop grande de l’IA. En fait, on retombe sur les problèmes de surperformance où on essaye d’améliorer trop, d’être dans l’hyper performance partout dans les entreprises et, ben en faisant ça on est de plus en plus fragile. C’est un peu le roseau qui est capable de plier avec le vent, et puis ben petit à petit, ça devient tellement dur, tellement rigide, tellement efficace, qu’au moindre glitch, ça casse.

Norman Deschauwer: [00:20:29] Ouais. Ouais, ouais c’est vrai. C’est une remarque que j’avais faite aussi lors d’une conférence sur l’IA. Donc je disais : la souveraineté des données qui est toujours aux US, ça, ça pose problème mais je trouvais en fait, l’histoire qu’on peut se raconter de l’utilisation à long terme de l’IA, il y a un appauvrissement du savoir-faire et aussi une ultra dépendance en fait. Donc tu parlais d’automatisation, je pense que c’est le sujet numéro un des gens qui utilisent l’IA, c’est « Comment je peux automatiser mon taf ». Et ça me faisait rire parce que j’ai relu hier un petit visuel où t’as une dame qui disait « Moi je voudrais que l’IA fasse mon linge et la cuisine pour que je puisse faire plus de peinture, d’art et de lecture » et pas l’inverse en fait. Et je trouve que c’est ça en fait, pour moi en effet, l’IA elle devrait être au service des personnes. Je pense à mes parents, mon père a eu de greffe des hanches, ma mère a traversé un cancer, enfin, si l’IA pouvait les aider, alors là peut-être qu’on parle plus de robots ou autre chose, mais ce serait vachement mieux que juste faire des starter-pack, te laisser plus de temps pour faire ton ménage et ta cuisine quoi. En tout cas, c’était super intéressant cette discussion sur l’IA. Je pense qu’elle, avec les élections de Trump, c’est le deuxième sujet pour l’instant de discussion à table. On va revenir à l’ISIT, c’est quoi tes enjeux justement en tant que directeur de l’ISIT en Belgique pour l’instant?

Olivier Vergeynst: [00:21:42] Pour l’instant, l’enjeu principal en fait, c’est le déclin du sujet de la durabilité au sens large, pas juste numérique mais on voit vraiment qu’il y a un ralentissement des discussions autour de la durabilité en entreprise. Il y a eu un grand mouvement pendant quelques années, en particulier juste après le Covid c’est un sujet qui a vraiment pris beaucoup d’ampleur. Et puis quelque part, la CSRD a peut-être partiellement freiné, donc la réglementation sur la partie reporting pour les entreprises, a partiellement freiné le truc parce que il y a eu tellement d’obligations d’arriver à faire un reporting correct avec beaucoup, beaucoup, d’informations à aller rechercher. En fait, il y a eu un shift des ressources en entreprise pour s’occuper du reporting plus que de l’action finalement. Alors c’est probablement quelque chose qui va se calmer, le temps que tout le monde fasse son reporting correctement, d’autant plus avec la directive omnibus maintenant qui calme un petit peu les choses aussi sur la partie complexité du reporting à faire. Mais le problème, c’est que ça a créé un désintérêt pour le sujet de la durabilité, avec à côté de ça ben cette arrivée de l’IA qui a shifté toutes les ressources aussi sur toutes ces problématiques-là. Et donc on voit globalement, même au sein des entreprises, je discute avec des responsables de la durabilité et qui parfois s’arrachent s’arrache les cheveux pour garder l’intérêt de leur management pour les questions de, quelque part de pérennité de l’entreprise. C’est ça qui est difficile à faire passer aujourd’hui comme message, et c’est aussi notre message qui doit évoluer, plutôt que de dire « Faites attention à votre impact environnemental », en fait on est occupé à shifter vers « Quel est l’effort que vous pouvez mettre sur la partie moyen terme et long terme de votre entreprise dans votre transformation numérique? », dans la partie, dans ce cas par exemple, les usages de l’IA mais toutes les autres questions autour de l’informatique en entreprise. Mais « Dans quelle mesure est-ce que ça peut vous aider à gagner en robustesse, ou en tous cas à éviter de tomber dans des problèmes de manque de résilience ou de dépendance à certaines technologies, à certains fournisseurs, etc ». Ça, c’est notre gros challenge actuellement, c’est de repositionner le message, quelque part d’utiliser le système pour mieux parler au système. Avant, on parlait beaucoup plus « Durabilité », les grandes questions de la durabilité, les limites planétaires, des choses comme ça. Ici c’est, ça devient un petit peu le deuxième sujet. Ça ne veut pas dire qu’il disparaît. Évidemment, notre but est toujours le même, c’est toujours de travailler sur la vraie question de la durabilité, mais on doit l’amener différemment, il est beaucoup plus basé sur le cœur de l’entreprise. Je pense que c’est une évolution finalement relativement positive, il vaut mieux qu’on soit au cœur du système économique et de parler au système économique qu’uniquement parler aux personnes qui sont passionnées par les questions de durabilité et qui s’inquiètent vraiment, toutes les questions d’éco-anxiété et autres. On leur parle aussi, mais je pense que d’être capable de parler à tous les axes des organisations, que ce soit ceux qui sont vraiment très orientés business, tout comme ceux qui sont plus orientés durabilité ben c’est, quelque part c’est une force, mais c’est un vrai challenge de s’adapter à ce nouveau contexte.

Norman Deschauwer: [00:24:12] Oui, oui. Moi, j’ai envie de poser une question, ou un éléphant sur la table, est-ce qu’on peut gagner de l’argent en étant durable?

Olivier Vergeynst: [00:24:19] Oui. Alors on peut certainement en dépenser moins, ça commence par ça. Typiquement, ben un exemple c’est l’éco-conception de services numériques. C’est quelque chose où pas mal de gens pensent que c’est plus cher de faire de l’éco-conception, en règle générale déjà c’est pas le cas, mais quand bien même ça le serait un tout petit peu au niveau de l’investissement, ça va amener pas mal de gains sur la suite puisqu’on va par exemple générer beaucoup moins de dette technique, on aura besoin de moins d’infrastructure informatique pour faire tourner les services. Si on est sur des sites web éco-conçus, ils vont automatiquement être mieux référencé par Google, le SEO va être meilleur. La plupart du temps, si on fait des sites qui sont éco-conçu, qui sont plus accessible, si c’est pour des webshop et autres, on va avoir un meilleur taux de conversion. Il y a vraiment un avantage business en fait à faire, par exemple dans ce cas-ci de l’éco-conception. Sur les équipements, ben typiquement si on gère correctement sa flotte, qu’on peut allonger la durée de vie des équipements, parfois donner une deuxième vie en interne, des choses comme ça, ben on va réduire ses coûts de parc informatique. Parfois on pense que ça va coûter plus cher parce qu’il va falloir faire de la maintenance. Maintenant on a des membres qui ont vraiment fait le calcul, qui ont implémenté des polices de réparabilité, etc., avec une équipe dédiée qui passe dans les bureaux, etc., et où on a les chiffres qui prouvent que ça revient moins cher. Et les utilisateurs sont plus satisfaits que si ils ont régulièrement juste un nouveau laptop mais avec toute la complexité en fait de changer d’ordinateur à chaque fois, c’est une migration, ça prend une journée, il faut migrer toutes ces données machin etc. Les gens ne sont jamais contents le jour même. Évidemment, ils sont contents après parce qu’ils ont une nouvelle machine, pour ceux qui attachent beaucoup d’importance au fait d’avoir une nouvelle machine, mais on voit aussi pas mal de gens maintenant qui commencent à être fiers de pouvoir dire « Moi j’ai un smartphone qui a cinq ans, qui a six ans, ou j’ai un laptop, qui a déjà quatre ans, cinq ans, etc. » C’est un changement aussi d’image de marque, finalement l’image de marque, pour pas mal de jeunes maintenant, c’est d’être capable d’utiliser le plus longtemps possible leurs équipements, ce qui est excellent, un chouette changement.

Norman Deschauwer: [00:25:57] Ouais, ouais. Si ça devenait un peu la hype (Olivier Vergeynst: Ouais), ce serait bien. Mais on est plus dans le mode « Je vais aller acheter le dernier téléphone, plus qu’avoir celui de ma sœur, qui a eu celui de mon père, qui est… ». Moi mon téléphone c’est un reconditionné, que j’ai acheté sur une plateforme française, et j’ai dit à quelqu’un qui cherchait un laptop, il voulait acheter un laptop avec une pomme, et je lui ai dit « Bah tiens, regarde sur ce site-là parce que justement c’est reconditionné donc c’est déjà moins cher. Mais surtout, tu as quand même des garanties, si tu veux une nouvelle batterie, limite t’as l’option. Enfin voilà, tu peux quand même avoir quelque chose de très, très, très, raisonnable et au goût du jour ». Et il m’a dit « Ouais mais le problème c’est qu’ils ne font pas de facture. On ne peut pas déduire la TVA parce que c’est une plateforme française » et voilà. Donc, est-ce qu’il y a des solutions en Belgique pour le faire?

Olivier Vergeynst: [00:26:41] Alors oui, de toute façon, il y a des solutions en Belgique effectivement, parmi nos membres par exemple, « Out Of Use » est une entreprise spécialisée dans, à l’origine dans le recyclage et petit à petit ils ont évolué sur la partie reconditionnement, ils ont maintenant une plateforme web qui s’appelle « Back in Use » et sur laquelle il y a moyen d’acheter des équipements reconditionnés professionnellement avec garantie, avec des options aussi, par exemple de rajouter de la mémoire, etc, etc. Donc ça c’est, effectivement c’est tout à fait le cas, et avec possibilité d’avoir des factures. Maintenant sur des plateformes françaises, en fait ça va dépendre, typiquement, si on parle par exemple de « Back market », c’est pas un vendeur « back market » (Norman Deschauwer: Une plateforme), c’est une marketplace. Et donc derrière ça il y a des vendeurs, c’est pas parce qu’on achète sur « Back Market » que c’est d’office bon ou d’office pas bon, il faut idéalement connaître un petit peu le marchand qui est derrière, et suivant le marchand, il y a moyen d’avoir plus ou moins de garanties, etc. Mais c’est un petit peu comme acheter sur Amazone, c’est pas parce qu’on est sur Amazone qu’on sait que c’est d’office bon ou d’office pas bon. Mais normalement pour les factures, je pense qu’ils doivent, enfin de nouveau ça dépend d’un marchand à l’autre, mais le fait d’acheter quelque chose en France, ben simplement si on a une facture il n’y aura pas de TVA dessus si on est une entreprise, elle va être déduite.

Norman Deschauwer: [00:27:43] Le problème vient du fait que ce n’est pas un produit neuf. Je le sais parce que j’ai un de mes clients dans l’énergie à Bruxelles où ils ont une compensation, je pense annuelle ou biannuelle, ils ont la possibilité de dépenser un package dans le numérique. Ils peuvent s’acheter un smartphone, un laptop, un abonnement Spotify ou autre… Sachant que ça arrivait, j’ai dit aux responsables « Tiens, est-ce que tu as pensé à des plateformes comme Back Market et autres? » Et il m’a dit, bon déjà on était tard dans le process, et il m’a dit « Ouais mais non, ça ne marche pas parce que ils n’ont pas de compte. On peut pas dire tiens, société X, on a 100 personnes qui vont venir, ils ont un code, ils ont un accès particulier, une plateforme particulière et ça ne marche pas en fait » (Olivier Vergeynst: Ok). Et il y avait aussi cette notion de récupération des factures avec TVA, sans TVA, ce n’était pas possible donc heu… Je pense que c’est un frein, je pense bête, parce que je pense que ça peut être vite réglé mais bon, bref.

Olivier Vergeynst: [00:28:33] Mais en ce qui concerne la TVA sur le reconditionné en fait, pour ne pas augmenter trop le prix du reconditionné par rapport au neuf, la TVA n’est mise que sur la valeur ajoutée. C’est à dire que, en fait le reconditionneur achète des équipements, il va les reconditionner, les revendre un petit peu plus cher et la TVA n’est pas appliquée sur le prix entier, mais juste sur la valeur (Norman Deschauwer: Ok) entre ce qu’il a acheté et revendu. Parce que sinon ben on se retrouverait avec une taxe qui serait nettement supérieure (Norman Deschauwer: Oui) et effectivement ça désavantagerait le reconditionné, donc ça fait partie du fait qu’on se retrouve avec un montant de TVA plus petit qu’on peut déduire. Mais la question quand (Norman Deschauwer: OK) on est une entreprise, on ne regarde pas le montant TVA comprise, on le regarde toujours hors TVA, (Norman Deschauwer: Hors TVA) si il y a un tout petit peu TVA ou pas du tout, finalement on s’en fout, il faut regarder le montant hors TVA. Donc oui, il y a une logique en fait à avoir une TVA qui est plus petite là-dessus. Maintenant, de nouveau, par exemple, ben je reprends l’exemple de « Back in Use », « Out of Use », ils travaillent avec des entreprises, c’est là où ils vont récupérer d’une part des équipements, mais alors ce qu’ils font qui est assez sympa, c’est que : ils vont donner des vouchers. Donc plutôt que de dire ben « On reconditionne les quatre laptops ou les 20 laptops, ou les 200 laptops que vous nous avez donné, et vous pouvez les ravoir après pour tel tarif ». En fait ils vont donner des vouchers et les employés peuvent aller sur la plateforme acheter ce dont ils ont réellement besoin, donc c’est pas dit qu’ils aient spécialement besoin d’un laptop. Peut-être qu’ils ont besoin d’un smartphone, peut-être qu’ils ont besoin d’un écran, etc., donc il y a une valeur et ils vont pouvoir acheter du matériel reconditionné pour cette valeur. Dans d’autres cas, l’entreprise, plutôt que de vouloir récupérer pour donner à ses employés, elle va donner des équipements et, ce qui se faisait très souvent c’était : elles donnaient à des écoles. Alors, des écoles qui se retrouvent avec du matériel qui arrive en direct, qui n’a pas été reconditionné (Norman Deschauwer: Oui), ça c’était le problème principal. Elles ne savent pas quoi en faire, elles ont un parc qui est juste avec des ordinateurs pas installés, ils savent…Oui donc ça va dans des armoires, ils savent vraiment faire. Après, on est passé par l’étape où les entreprises ont donné via des reconditionneurs, donc les écoles se retrouvent avec du matériel reconditionné, avec une garantie, etc., c’est déjà nettement mieux, mais c’est pas d’office le matériel dont elles ont besoin. Et ici, de nouveau, ce qu’ils ont fait sur cette plateforme, c’est de dire « L’entreprise donne du matériel qui va aller vers des écoles en valeur. L’école reçoit des vouchers et elle va pouvoir utiliser ça pour acheter ce dont elle a réellement besoin ». Et c’est vraiment, on a une vraie problématique de la quantité d’ordinateur inutilisé dans les armoires dans les écoles en Belgique, parce qu’elle en a reçu tout plein et qu’elles ne savent pas quoi en faire en fait, alors qu’elles ont besoin d’autres équipements, des écrans, des machins, il y a plein d’équipements qui sont nécessaires. Et donc là, je trouve que c’est une chouette approche de meilleure utilisation en fait de ces équipements. Maintenant, il y a quand même un élément important parce qu’on peut se dire « Ah oui, mais le reconditionnement, ça ne marche pas, etc., c’est pas terrible », en fait on garde de la richesse en Belgique. Si ces équipements restent en Belgique, ça permet de les reconditionner, ça permet de donner de l’emploi aux gens qui vont reconditionner, c’est souvent des personnes qui sont en situation de remise à l’emploi, c’est pas des métiers extrêmement techniques, parce que la plupart du temps, on n’est pas partis sur des microsoudure, ou des trucs comme ça. Donc l’essentiel du travail de reconditionner n’est pas un métier extrêmement compliqué, et puis c’est surtout un travail de logistique en fait. Donc il faut avoir quelques personnes clés pour vraiment gérer tout le flux, toute la partie administrative, et puis l’emploi local créé, c’est vraiment une richesse locale. Et derrière ça, ça permet d’avoir un impact environnemental positif. Si on ne fait pas ça, nos équipements se retrouvent envoyé soit vers l’Asie, soit vers les États-Unis pour être conditionné et revendu sur des plateformes où on n’a pas spécialement accès. Ou bien si c’est plus des déchets entre guillemets, du recyclage qui ne se fait pas correctement, malheureusement on sait que ça passe à travers des flux type trafic vers l’Afrique dans ce cas-là, et avec beaucoup, beaucoup, d’équipements qui se retrouvent sur des décharges.

Norman Deschauwer: [00:31:47] Malheureusement! On va arriver tout doucement à la fin de cet épisode, si on veut devenir membre, comment on fait? Comment ça marche?

Olivier Vergeynst: [00:31:53] Pour devenir membre? Ben c’est super facile on nous contacte. Donc sur le site de l’ISIT, le site c’est ISIT tiret be point org. Sur le site il y a déjà toutes les informations, il y a un petit bouton « Devenir membre » qui va donner les différents tarifs, etc. puisque suivant la taille de l’entreprise, le fait qu’elle soit fort profit-non profit, on a des tarifs différents, aussi en fonction du niveau de service qu’on souhaite. Et pour l’instant, ben il suffit de nous contacter, derrière ça nous envoyer un petit mail, toutes les infos sont sur le site. On va faire évoluer le site mais il faut un petit peu de temps mais on va faire évoluer le site pour qu’il y ait moyen de le faire en ligne. Aujourd’hui ce n’est pas encore le cas donc effectivement via un petit mail vers nous, toutes les infos sont sur le site web effectivement. Et puis ben là on donne encore plus d’infos, accès à un catalogue plus détaillé, accès à des outils, etc. Et une fois qu’on a tous ces accès, ben on est là pour donner toutes les formations, donner accès à tous les outils. Et justement, permettre d’aider à créer une stratégie numérique responsable et puis à l’implémenter dans l’entreprise.

Norman Deschauwer: [00:32:42] Ok, et comment on te contacte, toi?

Olivier Vergeynst: [00:32:45] Alors moi c’est facile, c’est Olivier at ISIT tiret be point org.

Norman Deschauwer: [00:32:49] Et tu es présent aussi sur LinkedIn.

Olivier Vergeynst: [00:32:51] Présent aussi sur LinkedIn: Olivier Vergeynst.

Norman Deschauwer: [00:32:53] Parfait! Je rappelle aux auditeurs : nous avons un répondeur sur le podcast, le lien est disponible dans la description, vous pouvez envoyer un petit message Vocal à Olivier, vous pouvez aussi préciser si vous voulez le partager en public. Il n’y a pas de souci donc quoiqu’il en soit on le partagera à olivier et Olivier vous répondra. Pas de panique, donc si vous voulez enregistrer le message, vous pouvez le deleter et le recommencer 20 fois si vous voulez. N’hésitez pas, faites-le, c’est simple. Quant à nous, on se retrouve à la journée Agile le 23 mai, ben on te retrouvera sur place justement. Merci à toi.

Olivier Vergeynst: [00:33:24] Merci Norman.

Norman Deschauwer: [00:33:24] Et à très bientôt.

Via Blubrry :